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LE ROMAN CONJUGAL DE M. VALMORE

Lors de sa fugue en Italie, il l’avait rencontrée à Rome, en 1813. Il était allé la saluer respectueusement dans les grands salons du premier étage qu’elle occupait au palais Fiano, sur le Corso. Il lui avait parlé comme il savait parler aux femmes. Longtemps il compterait au premier rang de ses familiers. On les avait revus ensemble dans l’atelier de Canova, et à Naples, dans la résidence royale de Murat.

Sous la Restauration, il reparut auprès d’elle à l’Abbaye-aux-Bois, lorsque la divine Juliette, à peu près ruinée, vint s’y installer, après avoir quitté son hôtel de la rue d’Anjou-Saint-Honoré. Dans ces appartements carrelés, incommodes, mal distribués, elle lui apparaîtrait toujours reine, au milieu d’une véritable cour. Le dieu de la maison l’y accueillait avec bienveillance et son amie n’avait que des sourires pour ce « paysan de la Vallée-aux-Loups », qui avait osé écrire à M. de Chateaubriand :

Fils du ciel, inhabile aux crimes de la terre,
Viens, reviens habiter mon hameau solitaire ;
Assez, dans les ennuis d’un si stérile honneur
Ton nom s’est obscurci du nom de Monseigneur ;
Reviens du val d’Aulnay visiter la chapelle :
Ton belliqueux ami, Montmorency, t’appelle.

Depuis 1817, en effet, René avait vendu son ermitage à Mathieu de Montmorency, mais parfois, durant l’été et l’automne, il s’y retrouvait avec Mme Récamier, et devenait ainsi le