Page:Pradez - Une Idylle à Lausanne, 1895.djvu/55

Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 54 —

— Tu partiras, promets-le moi.

— Je ne promets rien, répondit le jeune homme avec un mouvement de hauteur. Je ne suis pas un enfant.

Et il ajouta aussitôt, regrettant cette vivacité irraisonnée :

— Pardonne-moi, mais je ne sais pas encore nettement ce que je ferai.

M. de H. n’insista pas. Il s’éloigna. Il avait fait sciemment une profonde blessure ; il la croyait salutaire. Le lendemain prouverait si son intervention avait été sage ou hors de saison.

Rentré chez lui, le baron de M. alla s’asseoir à sa fenêtre. Toutes les perplexités de son esprit, que sa décision de la veille avait forcées au silence, s’étaient réveillées. Il sentit avec désespoir que son cœur chancelait.

— Mon Dieu, pensait-il, quoi que je fasse, j’aurai donc tort.

Des parterres fleuris un parfum de roses montait jusqu’à lui, et, derrière les gros marronniers du parc, la campagne verte s’étendait jusqu’au lac. On entendait des bruits de voix venir des champs où, sous l’ardeur du soleil brûlant, les hommes travaillaient à la terre, et la rumeur lointaine de cette activité infati-