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Et il scruta attentivement le fin profil légèrement aquilin, cherchant à deviner l’âge dans les lignes délicates du visage. Il venait de soupçonner, sous les plis de cette robe rose, une personnalité déjà faite et consciente d’elle-même. Elle lui sembla très jolie avec la grosse torsade, ornée de roses, roulée au dessus de la tête, la peau transparente, l’auréole de cheveux follets, un peu dorés, jouant autour du front. Comme si elle eût perçu enfin l’attention dont sa personne était l’objet et que cet examen la gênât, Alice venait de se retourner vers lui et elle lui dit, très simplement :

— Marie m’a souvent parlé de vous, Monsieur.

— Vraiment, c’est très aimable à elle.

— Vous étudiez à l’Université, n’est-ce pas ?

— Oui, mais je suis venu à Lausanne surtout pour apprendre la langue.

— Mais vous parlez très bien, sans accent. N’est-ce pas, tante ? poursuivit-elle en se penchant un peu pour interpeller la dame vêtue de pourpre, toujours droite dans sa robe serrée.

— Oh ! mon Dieu, pensa le jeune homme, c’est sa tante !