de lui, une pensée tout à fait étrangère à sa présence.
Elle se retourna très naturellement, regarda un instant la figure intelligente, ouverte et bonne, et, comme si la remarque insignifiante de son voisin tombait à propos au milieu de sa propre rêverie, elle dit :
— Pour tout le monde, oui, excepté pour moi. Pour moi, c’est un jour de deuil. Oh ! ajouta-t-elle vivement, en voyant le geste surpris du baron, un deuil en rose.
Et elle sourit très peu, laissant à peine deviner, entre les lèvres entr’ouvertes, de petites dents saines, courtes et blanches.
Elle reprit d’une voix attristée :
— Aujourd’hui, Marie est tout à fait perdue pour moi.
— Pourquoi ? dit-il avec bonté, touché du vide humiliant dont souffrait ce cœur de fillette, elle reviendra.
— Oui, mais ce ne sera plus jamais la même chose. Il y a longtemps du reste que ce n’est plus la même chose. Marie n’a plus besoin de moi, ni de personne, oh non, c’est bien fini !
Le jeune homme jeta un coup d’œil rapide