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— Mon mari.

Le baron félicita la jeune femme avec sa courtoisie ordinaire, puis ils causèrent un moment à l’écart, tandis que tous les yeux s’étaient fixés sur eux. Le nom sonore du jeune Allemand avait éveillé les curiosités, et tout de suite la bienveillance naturelle à l’esprit du jeune homme lui était revenue. Il s’évertuait à rendre insaisissable la distance qui le séparait de ce petit monde, trouvant suffisant de la sentir en lui-même infranchissable, et déjà autour de sa franche gaité, de sa simplicité amicale, il sentait flotter le parfum d’attention et de sympathie dont on entourait sa présence dans tous les milieux. Amusé, il observait du coin de l’œil les hommes et les femmes, redevenu tout à fait bon et satisfait. Soit que la jeune femme saisit au vol ce regard égaré loin d’elle, soit qu’elle y vit un prétexte à retourner à son tête-à-tête derrière le rideau, elle dit, après un court silence :

— Si vous le permettez, Jules vous présentera.

Le baron s’inclina et suivit son guide à travers le salon encombré.