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mière fois, décidément déclassé au milieu de ce monde bourgeois où personne ne semblait s’apercevoir de sa présence, où on le laissait seul au milieu d’étrangers. Un moment il se sentit embarrassé en face de ce manque absolu d’étiquette, puis sa gaité naturelle reprit le dessus ; un sourire un peu ironique vint retrousser les bouts de la fine moustache blonde. En ce moment même une voix joyeuse l’interpella :

— Monsieur de M., que c’est aimable à vous ! Avez-vous déjà vu ma sœur ? Marie, Monsieur de M.

La mariée leva ses yeux pleins de rêves, secoua sa distraction, s’avança sans aucune gaucherie, et, avec une légère nuance de reproche dans la voix, elle dit :

— Il fallait donc un adieu pour vous faire revenir ?

Puis désignant du regard le jeune homme noir, elle ajouta :

— Vous me permettez, n’est-ce pas ?… Monsieur F. Mon ami, Monsieur le baron de M.

Et, s’adressant au jeune Allemand, elle ajouta bas, avec une fugitive rougeur sur les joues et un rien de fierté dans la voix :