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vage, comme elle l’avait séduit alors ! Où s’était envolée la passion qu’elle lui avait inspirée autrefois ?

Il dit enfin, le front soucieux :

— Pourquoi me faire toujours cette même question ? Je ne vous reproche rien.

Et il gravit rapidement l’escalier.

Dans l’embrasure de la grande porte-fenêtre, ouverte à deux battants, il venait d’apercevoir Isabelle. Vêtue de sa robe de flanelle blanche, la petit fille traversait la chambre si vivement qu’elle vint se jeter contre son père, sans le voir. Aussitôt elle lui noua autour du cou ses deux bras maigres de fillette en croissance, elle se cramponna à lui de toutes ses forces, tandis que de gros sanglots étouffés la secouaient.

Il la pressait contre sa poitrine, étroitement :

— Isabelle, mon enfant, ma chérie, qu’est-ce qu’il y a ? Qu’as-tu ? mais qu’as-tu ?

Longtemps l’enfant pleura, suffoquée, sans réussir à prononcer un mot. Enfin, elle articula avec effort :

— Pourquoi est-ce que Lucien est parti ?

Doucement Philippe décrocha les deux bras qui le serraient à l’étrangler, il prit par la main la fillette déjà grandelette, allongée et flexible, et il entra avec elle dans la chambre.