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oser commencer l’entretien. L’œil anxieux fixé sur le profil énergique, elle marchait silencieuse. L’accueil froid avait glacé les mots sur ses lèvres.

Pourtant, avant de gravir les degrés du perron et d’entrer dans la chambre où Isabelle allait les rejoindre, elle s’enhardit. Elle murmura, les lèvres tremblantes :

— Philippe, qu’est-ce que je vous ai fait ? Pourquoi vous éloignez-vous ainsi de moi ? Dites-moi au moins clairement ce que vous me reprochez.

Il se retourna brusquement et la regarda quelques secondes sans lui répondre.

Elle portait une matinée mauve pâle, très claire, et son cou rond s’échappait, libre et blanc, d’une large échancrure de dentelles. Toute sa personne, menue, avait une apparence fine et frêle, mais la complexion était saine, solide. La masse épaisse des cheveux châtains s’entassait du côté droit, l’œil foncé, aux paupières étroites, s’ouvrait tout grand, inquiet, douloureux. À part l’expression du regard, c’était bien la même femme que celle rencontrée fortuitement, trois ans auparavant, chez des parents de son ami Jacques. Rose et blanche au milieu des crêpes de son veu-