Page:Pradez - Réparation, 1905.djvu/55

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 55 —

— La nuit où nous sommes arrivés ici, dans le train. Lucien dormait vis-à-vis de nous, couché sur la banquette, vous m’avez dit…

Philippe interrompit vivement :

— Dormait ou faisait semblant de dormir… oui… je me souviens…

Le front coupé d’un pli mécontent, il continua :

— Et en laissant partir ce garçon sans l’éclairer, vous n’avez pas réfléchi que s’il ne dormait pas, comme c’est fort possible, il croit à présent que nous avons voulu le dépouiller.

— J’ai toujours obéi à votre parole sans la contrôler, murmura Germaine tremblante ; vous n’êtes pas juste dans ce moment, Philippe.

— Mais, que diable ! s’écria Philippe violemment, je n’avais pas le dépôt de cet enfant, moi ! Je n’avais fait aucune promesse à son sujet, et quand j’ai dit ce que j’ai dit, je ne prévoyais pas que ce garçon aurait un jour la fantaisie de s’embarquer. Nos idées et nos décisions changent avec le cours des événements ; elles ne sont pas des blocs de granit immuables !