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— Vous ne savez pas tout ce que vous êtes pour moi, Philippe… Ce n’est pas à Lucien que je pensais tout à l’heure… Oh ! non, vous ne comprenez pas encore tout ce que vous êtes pour moi !

Et elle se tut. Elle était heureuse d’un bonheur si complet qu’aucune parole ne pouvait l’exprimer. Philippe reprenait avec elle les allures d’autrefois !

— Voilà un temps fait pour dégoûter des voyages en mer, dit enfin Philippe indiquant de la main le ciel bas et tourmenté ; c’est contrariant que ce vent se déchaîne justèment aujourd’hui.

Il ajouta sans transition :

— Avez-vous remarqué comme ce garçon a grandi pendant sa maladie ? Ce matin, j’ai constaté qu’il me venait à l’oreille. Vous lui avez dit naturellement qu’il sera indépendant de nous à sa majorité ?

— Non.

— Vous auriez dû le lui dire.

Il réfléchit quelques secondes, regardant les nuages se déchirer, se poursuivre, s’éparpiller, puis il reprit : —

— Ce vent est agaçant.

Et il quitta la fenêtre. Germaine le suivit :