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des poignées de sable comme des coups de fouet. Après sa longue course dans la chaleur immobile de la plaine.-ce tapage d’eau, de vent, ces paquets de sable reçus en plein visage, l’étourdissaient.

C’était ça, la mer ! L’œil fixe, il considérait la vaste plaine liquide et à travers le sifflement continu du vent, il entendait la voix hésitante de Germaine dire froidement : « Mais vous lui devez tout, pour le moment ! » Pendant qu’elle parlait ainsi, il avait perçu distinctement dans ses yeux le désir qu’elle nourrissait de le voir s’éloigner en s’embarquant pour de lointains voyages, comme si souvent M. du Plex l’avait proposé.

Que de fois, jadis, il avait vu le visage frais de Germaine se pencher sur lui, pendant ses fréquentes maladies d’enfant et épier son souffle avec tous les dehors de la sollicitude ! Pourquoi n’avait-il jamais eu le courage de jeter ses bras autour du cou de sa mère adoptive lorsqu’elle était ainsi tout près de lui ? Il ne savait pas bien. Quelque chose le retenait, oui, un instinct puissant, qui ne l’avait jamais abandonné et lui murmurait tout bas : « Non… non ! » Dans ce temps-là, d’ailleurs, la protection paternelle