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Sans doute, tandis qu’il montait en courant jusqu’à sa chambre et s’attablait à son travail, sa mère adoptive allait chercher Isabelle pour la ramener à la maison ; mais pourquoi avait-elle un air si soucieux ? Depuis quelque temps, elle avait perdu l’expression heureuse des premiers mois. Quelque chose la tourmentait secrètement, elle aussi. Qu’est-ce que cela pouvait être ? Quelquefois elle avait les yeux rouges comme si elle avait pleuré.

Arrivé à ce doute interrogatif, où si souvent sa pensée s’arrêtait surprise et perplexe, le jeune garçon se releva brusquement. Il s’assit sur l’herbe et, la tête dans les mains, il chercha avec une grande fixité d’attention une cause possible au chagrin mystérieux de sa belle-mère, puis, peu à peu, sous le soleil ardent qui lui brûlait le front, les images du présent se brouillèrent et disparurent. Il ne vit plus rien : ni la figure froide de M. du Plex, ni le regard anxieux de sa belle-mère, ni le visage consterné de la petite fille. Sa pensée s’en alla beaucoup plus loin dans le passé et, se retournant sur le sol fécond dont il aimait tant l’effort silencieux, les parfums et les fleurs, le visage collé à la terre, il cria :

— Papa… papa !