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— Ah ! vous ne jouez plus avec les petites filles, vous ? Pourquoi ?

Et tandis qu’il s’en allait bien vite, elle était demeurée en arrière sur le sentier. Un tel désappointement contractait à ce moment le visage rose, naguère si joyeux, de la petite fille, qu’il avait failli revenir sur ses pas pour atténuer l’inutile rudesse de son refus. Ne pouvait-il pas expliquer à cette enfant qu’il était beaucoup plus âgé que sa petite taille ne le faisait supposer, et lui faire comprendre ainsi, plus doucement, pourquoi il ne jouait plus comme un petit garçon.

Mais il avait résisté à cette première impulsion de regret. Il avait continué son chemin sans se retourner ; heureusement, car, au moment où il passait sous les fenêtres de la salle à manger, un "appel inquiet était venu de l’intérieur :

— Isabelle… Isabelle, où êtes-vous ? votre père vous cherche.

Pour rassurer sa belle-mère, il avait dit, sans s’arrêter :

— Elle est ici, dans le jardin.

Un instant le visage ovale de Germaine s’était montré dans l’encadrement des vitres, puis il avait disparu.