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Il avait vagabondé dans les rues et erré sans but dans les champs pendant tout l’après-midi, et il était revenu à l’heure habituelle, espérant se glisser dans la maison sans être aperçu.

Mais, de la chambre à manger, la petite fille l’avait vu. Elle semblait être là tout exprès pour le guetter. Le nez aplati contre une vitre, elle soufflait son haleine chaude sur le verre, puis elle s’éloignait et écrivait avec son doigt des lettres sur la vapeur ; mais, dès qu’elle l’avait aperçu, elle était accourue, ses longs cheveux flottant sur le dos, et, joyeuse, elle lui avait crié de loin :

— Ah ! ah !… vous voilà, enfin ! Nous allons jouer maintenant, n’est-ce pas ?

Et, amicale, elle était venue le prendre par la main. Il avait marché un moment à côté d’elle, tellement supris de cet accueil qu’il ne trouvait pas un seul mot à dire. Puis, brusquement il s’était souvenu de son dernier entretien avec sa mère adoptive. Presque durement, il avait repoussé la fillette :

— Non… je ne joue plus avec les petites filles, moi !

Stupéfaite, elle était restée un instant muette, consternée. Puis elle avait répété tristement :