Page:Pradez - Réparation, 1905.djvu/29

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 29 —

provisions que Germaine lui avait dit d’emporter avec lui le lendemain. Il étala devant lui ses vivres, mais il n’y toucha pas. Sa course rapide, au lieu de lui ouvrir l’appétit, semblait l’avoir coupé net. Non, dans ce moment, le soleil le brûlait vraiment trop ; il ne pouvait pas penser à manger. Il repoussa ses provisions et s’étendit tout de son long sur la marge gazonnée de la route. Ce qui lui ferait du bien, c’était quelques minutes de complet repos. Il l’avait bien gagné. Déjà, du côté de la mer, la ligne basse des dunes s’apercevait !

Il regarda au-dessus de sa tête le ciel blanc du matin que les hirondelles coupaient de zigzags capricieux. Tantôt elles plongeaient brusquement jusqu’au sol, tantôt elles s’envolaient vers le ciel. Les membres las, immobile, il aspirait à pleins poumons l’air saturé de senteurs. Tout près de lui, il distinguait le parfum fort de la marjolaine et du serpolet. Les épis roses du sainfoin, les petites boules d’or, rondes et menues, du triolet, les grosses marguerites au cœur jaune foisonnaient autour de sa tête et à son oreille une musique d’ailes minuscules bourdonnait.

Il sentait aussi l’odeur des blés mûrs,