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violent, un remords aigu d’avoir laissé mourir cette enfant sans la revoir. Il abaissa doucement les paupières et se releva. À présent que le pas mystérieux était franchi, il ne lui restait plus qu’à faire face à ce désespoir qui allait éclater à côté de lui, poignant. Il dit :

— Vous avez été de bons parents pour votre enfant. Tout ce qui a pu être fait pour la sauver a été fait. Elle a été heureuse sur la terre pendant vingt ans. Vous pourrez la pleurer la conscience tranquille…

Mais la mère suffoquée l’interrompit :

— Ce n’est pas vrai, docteur ! non, ne dites pas qu’elle est morte, ce n’est pas vrai ! Elle vous a entendu, elle vous a même souri. Je l’ai vu, elle a souri. Elle vous aime tant ! Parlez-lui encore. Essayez quelque chose. Mon Dieu, mon Dieu, ne nous abandonnez pas ainsi sans rien faire…

Jacques resta un moment silencieux tandis que, derrière lui, le père sanglotait déjà bruyamment. Il dit enfin, ému :

— Du courage, du courage… C’est fini…

Et voyant les larmes inonder enfin le visage tendu de la mère, il ajouta :

— Pauvre enfant ! Moi aussi, je l’aimais bien !