Page:Pradez - Réparation, 1905.djvu/251

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 251 —

franchise que j’aimais, Isabelle ! Est-ce le blâme de votre père que vous craignez ? Mais c’est lui qui m’a permis de vous rejoindre ici. Si c’est sa désapprobation que vous redoutez, dites-le-moi ; mais si ce n’est pas cela pourquoi donc êtes-vous si changée ?

Jacques quitta vivement sa retraite. La réponse d’Isabelle, quelle qu’elle pût être, lui déchirerait le cœur. Il avait besoin de tout son courage pour gravir l’escarpement raide, ardu, dénudé qui se dressait devant ses pas.

Il contourna le massif et prit le sentier étroit qu’il avait suivi avec Isabelle quelques jours auparavant, l’âme déjà tourmentée de doute. Dès qu’il fut à proximité du banc, il dit, très calme :

— Il fait trop froid pour rester assis dehors. Il faut marcher. Venez, Isabelle.

La pâleur d’Isabelle s’empourpra d’une flamme fugitive ; elle se leva sans protester, tandis que Jacques continuait :

— Je dois m’absenter pendant quelques jours : Je partirai demain, mais auparavant j’aurais quelques mots à vous dire. Oh ! peu de chose… ce ne sera pas long… Lucien permettra bien que je vous emmène un moment, n’est-ce pas ?