Page:Pradez - Réparation, 1905.djvu/242

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 242 —

de réveiller ce qui n’est plus que de donner à Isabelle les sentiments que je lui voudrais ! Ce qui est mort est bien mort. Combien de fois, moi aussi, devrai-je te le répéter ?

Il s’interrompit, réfléchit quelques secondes, le front traversé d’un pli soucieux, puis d’un ton changé, il se corrigea :

— Jacques, j’ai tort de te parler ainsi… à toi…

Il ajouta avec effort :

— Si cela peut t’aider à me pardonner… eh bien ! oui, tous les jours je me répéterai ce que tu m’as dit si souvent : « Ce n’est pas elle, c’est toi ». Peut-être que, libérée de cette amertume, peu à peu notre vie changera. C’est tout ce que je peux te promettre. Cela te suffit-il ?

— Ce que je te demande, Philippe, dit Jacques en forçant ses lèvres à un sourire contraint, c’est de pouvoir emporter de toi le souvenir de l’homme que tu étais autrefois.

Après un court silence, il ajouta :

— Il faut que tu saches encore ceci : sans la présence d’Isabelle à côté d’elle, Germaine n’aurait pas pu supporter le sort que tu lui as fait ici ; il y a longtemps qu’elle ne serait plus sous ton toit si l’affection de ta fille ne l’y avait retenue.