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Enfin, enfin la masse sombre de la cité tailla sur le ciel sa noire silhouette, et, au même instant, égrenée dans la torpeur des rues, l’heure sonna. Minuit ! Il compta les douze coups, un à un, jusqu’au dernier. Quelques minutes plus tard, il atteignait sa demeure. Malgré l’heure avancée, un filet lumineux passait encore sous le seuil de sa mère, mais au léger bruit qu’il fit en traversant le vestibule, la lumière disparut.

Pourquoi sa mère l’avait-elle ainsi attendu ? Une seconde fois, la sensation aiguë que sa peine secrète était partagée par le cœur maternel le transperça. Un autre œil que le sien, un œil anxieux et attentif allait suivre une à une les péripéties du conflit douloureux qui s’approchait.

Il entra dans sa chambre avec précaution, ferma la porte à double tour et alla s’accouder à la fenêtre.

Tous les astres de la nuit étincelaient, fixant sur lui un regard impassible ; il les regardait, distrait, s’interrogeant tout bas : « Mon devoir d’honnête homme ! Pourquoi ? Qu’est-ce donc que le devoir d’un honnête homme en dehors des obligations fixes créées par les conventions sociales ? Où commence-t-il et où s’arrête-t-il ?