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Tandis qu’elle parlait, une teinte rose était montée à ses joues et Jacques retrouvait, tout à coup, l’impression poignante que, là-bas, à l’abri des rocs abrupts, en face de la mer inquiète, il avait eue en écoutant se dérouler le long récit d’Isabelle.

— Aujourd’hui, Isabelle, murmura-t-il avec effort, c’est vers l’avenir que doivent aller vos pensées. Tout le reste est fini, n’est-ce pas ?

Elle dit oui de la tête, mais bientôt elle se corrigea :

— Pourtant il y a des choses qu’on ne peut pas oublier. Certaines circonstances les ont gravées trop profond dans notre mémoire, elles sont entrées trop avant dans notre vie. On ne peut pas les en arracher tout à fait. Ce jour-là, Lucien était assis à côté de moi à la place où vous êtes. Il m’appelait sa petite sœur chérie, et moi je ne trouvais rien à lui dire… pas un mot. Le chagrin me, paralysait.

— Pourquoi faire renaître sans cesse ces vaines réminiscences, Isabelle, laissez-les fuir. Elles vous agitent-inutilement.

En même temps, pour interroger de plus près le visage baissé, Jacques se pencha vers sa fiancée. Un souffle chaud effleura la joue