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en lacets souples et gracieux, et le son des voix claires devint enfin très distinct. Une jeune fille, chantait seule les couplets d’une romance amoureuse que toute la bande soulignait d’un refrain moqueur. Bientôt Jacques et Isabelle saisirent nettement les paroles :


Jé n’irai plus, le soir, parmi les moissons mûres
Cueillir le frais bluet,
Ni m’abriter, le jour, à l’ombre des ramures.
Je n’irai plus parmi les moissons mûres.
C’est la fille à Thomas,
Ha, ha, ha ! Ha, ha, ha !

Aux odorants buissons de la jeune aubépine
J’ai pris un blanc bouquet,
Mais si frêle est la fleur et si dure est l’épine,
Aux odorants buissons de l’aubépine !
C’est la fille à Thomas,
Ha, ha, ha ! Ha, ha, ha !

Il m’a juré tout bas des amours éternelles
Au seuil du gai printemps.
Le printemps s’est caché sous les neiges cruelles !
Où sont, où sont les amours étemelles ?
C’est la fille à Thomas,
Ha, ha, ha ! Ha, ha, ha !


Très longtemps le timbre jeune des chanteurs et leurs rires résonnèrent sur la route, puis le bruit se perdit dans la distance.

— Isabelle, dit Jacques, en tirant de sa poche un minuscule écrin de cuir rouge, voici un petit souvenir que je vous ai rapporté de