Page:Pradez - Réparation, 1905.djvu/206

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 206 —

jeune fille sur son cœur, mais d’un geste brusque elle lui échappa.

Ils étaient arrivés au bord de l’étang où autrefois, quand Isabelle était enfant, elle venait voir s’ébattre les canards. Elle avait gardé pour ce coin solitaire son ancienne prédilection. Les grandes herbes et les fleurs sauvages y pullulaient, vivaces et innombrables.

Tout près d’eux, l’eau immobile brillait comme une plaque de verre prisonnière dans son cadre de verdure bronzée par l’automne, et de dessous les charmilles un froufrou de choses sèches, un piétinement s’échappait. Trois canards blancs sortirent enfin des broussailles, et, disgracieux, cahotants, coururent du côté de l’étang. Leur chute précipitée dans l’eau fit un plouf bruyant.

Isabelle eut un rire un peu forcé :

— C’étaient les canards ! J’ai cru qu’il y avait là quelqu’un qui nous regardait.

Jacques ne dit rien. Il cherchait à renouer le fil interrompu de sa demande, mais il n’y parvenait pas. L’exclamation d’Isabelle l’avait dérouté. Il se décida à attendre que le moment d’interroger la jeune fille revînt de lui-même un peu plus tard.

Ils reprirent leur promenade et ils atteigni-