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que pas de l’attitude pensive et distraite d’Isabelle. Il lui semblait qu’enfin, enfin l’heure était venue où les craintes et les doutes qui l’avaient si longtemps tourmenté allaient prendre leur vol.

Il y avait quelques heures à peine, Philippe ne l’avait-il pas autorisé à fixer avec Isabelle la date prochaine où il aurait le droit d’arracher la jeune fille à des lieux où trop de tristes réminiscences sollicitaient sans cesse son attention ? Tout à l’heure, lorsqu’elle-même choisirait librement ce jour, l’obsédante inquiétude des dernières semaines s’enfuirait pour toujours. À la seule pensée de cette délivrance, une telle ivresse de joie s’emparait du cœur de Jacques que les mots qu’il avait préparés depuis le matin s’étranglaient au fond de son gosier.

À la fin pourtant, voyant Isabelle, continuer à marcher silencieuse à côté de lui, il fit effort pour dominer son émotion et murmura :

— Isabelle… Philippe m’a permis de vous demander quelque chose, ce soir, mais je ne sais pas si vous êtes disposée à m’écouter. Puis-je parler ?

En même temps il entoura de son bras la taille svelte d’Isabelle et essaya d’attirer la