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VIII


Le lendemain, Jacques roulait du côté de Paris. Comme si la hâte fébrile d’Isabelle l’avait saisi à son tour, il n’était rentré chez lui que pour embrasser en courant sa mère et il avait pris le premier rapide nocturne. Il ne songeait pas à dormir. Trop de pensées l’obsédaient. Au bruit des roues qui lui remplissait les oreilles, il repassait mot à mot le récit d’Isabelle et il arrivait toujours à la même conclusion. Ce qu’il fallait, pour rendre le calme à cet esprit tourmenté, c’était une certitude. Devant le fait accompli, quel qu’il fût, Isabelle pourrait, selon les cas, avoir une secousse, mais, peu à peu, elle se tranquilliserait. Ses sentiments violents, exaspérés par le doute, redeviendraient ceux d’un enfant, c’est-à-dire faits de cette matière légère que les passions d’un autre âge chassent comme une poussière de fleur morte. Jamais aussi bien qu’en écoutant l’ardent réquisitoire de la