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et aujourd’hui, quelle que soit la cause occulte qui a conduit les événements, c’est à Germaine que nous devons la tranquillité relative d’Isabelle… C’est le médecin qui te parle en ce moment. Comprends-tu cela ?

— Non, balbutia Philippe, que veux-tu dire ? — Ceci : qu’Isabelle aurait pu, en renfermant en elle-même, à un âge délicat, la violence de son chagrin et de sa révolte, devenir la proie de troubles nerveux si graves que toute sa vie à venir en aurait été compromise. Cela, c’est un fait, un fait brutal qu’il n’y a pas moyen d’envisager sous deux angles différents. Quels que soient les motifs que tu puisses prêter à Germaine, les conséquences de sa conduite sont claires et nettes. Et maintenant, c’est à toi de tirer les conclusions que tu voudras. Ne parlons plus de cela aujourd’hui, Philippe.

La nuit était tout à fait venue ; un ciel brumeux s’étendait triste et lourd au-dessus de leurs têtes et le bruissement des feuilles continuait, monotone, sous le passage régulier du vent.

Dans la maison, derrière les vitres éclairées, des ombres passaient rapides et fuyantes. On