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tement contre lui, elle céda sans résistance. Son chapeau blanc, un peu rejeté en arrière, laissait à découvert le visage fin que l’excitation du long récit avait nuancé de rose. Une irrésistible impulsion s’empara du jeune homme. Il se pencha, le cœur troublé, avide, et pour la première fois ses lèvres cherchèrent celles d’Isabelle. Un instant, il la retint captive sous cette caresse imprévue, un peu brutale, puis il la lâcha.

Jusqu’à l’entrée du petit bourg, ni l’un ni l’autre ne prononça plus une syllabe. Jacques balbutia enfin :

— Autrefois, Isabelle, j’aurais peut-être pu vivre à côté de vous sans songer à être autre chose qu’un frère aîné ou, si vous voulez, une sorte d’oncle d’adoption, dévoué, sans prétention, mais maintenant je ne puis plus accepter cette idée. Ce qui m’a été une fois donné, je ne pourrais plus le rendre.

Isabelle avait repris sa pâleur ordinaire. Elle sourit très légèrement, mais elle ne répondit rien.

Quelques minutes plus tard, ils entraient dans la villa où cette veille de départ bouleversait toutes les habitudes quotidiennes. Un va-et-vient affairé remplissait de bruit la tran-