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mettez-moi que vous allez rester là. Dites oui tout haut pour me faire plaisir.

Il alla cueillir dans l’herbe quelques fleurs qu’il me donna en répétant :

— Dites oui, Isabelle ; il ne faut pas nous quitter fâchés.

Penché sur moi, il écoutait. Enfin, j’articulai avec peine un faible oui. Il me reprit dans ses bras et m’embrassa encore une fois rapidement.

Un instant passa, bref comme l’éclair. Il avait disparu.

Quelques minutes plus tard, un bruit de roues résonna sur le pavé de la cour et, côte à côte au fond du phaéton, je vis passer les silhouettes de papa et de Lucien.

Quand je n’entendis plus le bruit de la voiture, que le silence étouffant de la nature m’enveloppa comme la mort, je me précipitai dans la maison et pendant des heures je sanglotai éperdument, mêlant à mes larmes des cris de colère et de révolte que maman, épouvantée, ne réussissait pas à apaiser.

Lorsque, le soir, papa rentra seul de sa course, la lassitude m’avait calmée. D’une des fenêtres de la chambre où maman m’avait installée devant mes devoirs, je guettais le