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— Cela ne vous fait donc pas plaisir d’aller tenir compagnie à Lucien par ce mauvais temps ?

Je me réveillai comme d’un rêve :

— Oh ! si… si… Et, pour la première fois, je me jetai à son cou. Elle parut surprise, puis au bout d’un instant elle me rendit mes caresses d’un air distrait.

Une seconde plus tard, folle d’impatience, je m’élançais dans l’escalier. En atteignant le palier, je croisai papa qui descendait lentement ; mais, dans ma hâte, je l’avais aperçu trop tard ; je le heurtai rudement sans le vouloir. Il m’arrêta et me dit :

— Eh bien, eh bien, fillette ?…

Il me regardait avec une telle bonté, une si tendre sollicitude brillait dans ses yeux souriants que mes craintes lugubres s’évanouirent de nouveau. Ma révolte aussi s’envola. Je nouai mes deux bras autour de son cou, en disant :

— Merci, papa, merci, j’y vais…

Il me détacha aussitôt de son cou, et, comme à l’ordinaire lorsqu’on parlait de Lucien, son visage s’assombrit. Il me laissa cependant continuer mon chemin sans essayer de me retenir. Mais je ne courais plus avec la même