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— Allons-nous en !

Et d’un mouvement vif, elle se leva. Mais Jacques la força de se rasseoir :

— Pourquoi voulez-vous déjà vous en aller ? Nous sommes si bien ici et c’est la dernière fois, Isabelle !

Elle céda sans protester, mais au bout d’un instant, elle dit avec effort :

— Vous n’aimez pas que je parle des choses d’autrefois. Il vaudrait mieux nous en aller d’ici, où tout me les rappelle.

Un souffle froid passa sur le cœur de Jacques tandis qu’il songeait à la longue torture d’isolement que Philippe avait subie à côté d’Isabelle. Comme il comprenait bien aujourd’hui le désir passionné du père d’arracher à tout prix son enfant à sa vie manquée ! c’était sur cette chance douteuse de l’avenir que l’enjeu de sa propre destinée se trouvait aujourd’hui placé.

Isabelle avait cessé de tourmenter, de la pointe de son ombrelle, la masse gluante des algues. Les mains croisées sur ses genoux, elle réfléchissait, les yeux errants dans le vide. Tout à coup, elle se retourna du côté de son fiancé et l’interrogea résolument :

— Pourquoi ne voulez-vous jamais me