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VII


L’automne arriva et la grève ensoleillée, naguère pleine de vie, de bruit, de couleur, se dépeupla. On ne voyait plus sur la perspective déserte que quelques groupes retardataires tapis au fond des tentes, à l’abri du vent aigre soufflant du nord, ou, ici et là, quelque promeneur solitaire errant sur la marge de sable sec.

Une dernière fois, avant de quitter ce coin de terre rocailleux, où des souvenirs si puissants resteraient attachés pour eux, Jacques et Isabelle arpentaient la plage abandonnée. Ils marchaient côte à côte sans se donner le bras et Jacques pensif ne quittait pas des yeux le profil droit de sa fiancée.

— Est-il possible, Isabelle, murmura-t-il enfin, que vous ne regrettiez rien ? Dites-le-moi encore, dites-le-moi souvent. Parfois il me semble que j’ai eu tort de vous enchaîner si jeune. Êtes-vous bien sûre que vous ne regretterez jamais votre décision ? Vous ne