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d’apparaître au détour de la route fermant l’horizon d’une ligne noire, corrigea avec effort sa pensée dirigée sur Germaine et ajouta :

— Parce qu’un jour, sans réfléchir, sans m’attarder à considérer le pour et le contre des choses, j’ai cédé à l’antipathie que cet intrus, accroché aux jupons de Germaine, m’inspirait.

— Pourquoi as-tu fait cela, Philippe ? dit Jacques vivement, je ne l’ai jamais compris.

— Pourquoi j’ai fait cela ? répéta Philippe très excité. Comment faut-il t’expliquer ? Dès le début de mon mariage, la présence de cet enfant m’avait été antipathique. Il me semblait que Germaine s’occupait trop de lui. Oui, en vérité, j’étais aveugle au point de le croire, et cela m’irritait à toute heure, sourdement. J’accusais cet hôte étranger d’empêcher l’ancien bonheur de revenir. Je croyais que c’était lui qui créait entre Germaine et moi la distance que je sentais grandir tous les jours, et je l’ai haï d’une haine stupide, égoïste, aveugle, jusqu’au moment où, froidement, Germaine me déclara qu’elle n’avait jamais aimé ce garçon. Mais pourquoi donc n’aimait-elle pas cet enfant confié à sa sollicitude par un mourant ?