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pas. Si je te prenais au mot, tu serais le premier à me le reprocher un jour, tout haut ou tout bas. Il faut voir les choses raisonnablement et les accepter telles qu’elles sont. Isabelle est beaucoup trop jeune pour moi. Laisse-moi continuer à l’aimer sans autre ambition que de conserver le plus longtemps possible ma place d’ami préféré. Ce qu’il lui faut, pour le moment, c’est l’apaisement, le calme d’esprit, la tranquillité, voilà tout.

Philippe répéta lentement :

— L’apaisement, le calme d’esprit, la tranquillité, bien. Comment les lui donner ? Le moyen ? Indique-le moi.

Jacques se tut, embarrassé. Toute son expérience pratique des maux du corps ne lui suggérait rien pour procurer à Isabelle l’oubli d’un fait lointain, resté trop vivant dans son esprit. Là était son mal, et aujourd’hui personne n’y pouvait rien.

Philippe reprit :

— Il faut donc se résigner à la voir s’étioler en plein soleil de jeunesse… il faut que je me contente de la regarder de loin passer tous ses jours à côté de Germaine, et tout cela pourquoi… pourquoi ?

Il s’interrompit, regarda la mer qui venait