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elles firent quelques pas sans parler, puis elles reprirent l’entretien interrompu.


À l’autre bout de la blanche chaussée, Philippe et Jacques s’étaient rejoints depuis longtemps.

Dès qu’ils furent sortis de l’encombrement bruyant de la gare, Philippe ralentit le pas. Il interrogeait à la dérobée le visage sérieux de son ami et attendait, dévoré d’impatience, qu’il ouvrît le premier l’entretien. Agacé de son silence, il le stimula enfin un peu sèchement :

— Pourquoi ne dis-tu rien ? N’as-tu pas reçu ma lettre ?

— Si, Philippe, je l’ai reçue hier et je l’ai méditée toute la nuit. Après tout ce que tu as fait pour moi, c’est encore la plus grande preuve d’affection que tu m’aies donnée… Et pourtant… pourtant… comment faut-il t’expliquer cela ?

— Et pourtant, acheva Philippe froidement, tu ne veux pas, ce projet ne cadre pas avec les tiens, dis franchement ta pensée, va, ne te gêne pas.

— Je ne veux pas te laisser t’enfoncer dans un monde de chimères, voilà ce que je ne veux