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les ignorés


IV


Avant de se consacrer au service de l’église, c’était le dernier long congé que Michel devait passer hors du séminaire.

Cette idée qui accompagnait cette fois chacune des péripéties ordinaires de ses vacances planait comme une ombre immobile sur sa liberté, pénétrant les plus insignifiants détails de la vie d’une solennité imprévue.

Il n’avait plus été question, entre Suzanne et lui, du thème touché à leur récente rencontre au cimetière. Michel, comme s’il se blâmait tout bas d’avoir ouvert ce coin d’âme à un œil étranger, et qu’il voulût se préserver de nouvelles défaillances, était devenu taciturne et concentré sur tout ce qui concernait ses études et ses perspectives d’avenir. Suzanne, respectant un silence où elle devinait une lutte qui voulait se poursuivre sans témoin, n’osait plus y faire allusion.

Cependant la pensée constante qui occupait leur esprit, si elle ne se traduisait d’aucune façon ouverte, était devenue l’âme occulte de leur foyer. Sa présence