que toi, nous ferions mieux de fermer boutique, mais…
Rose étant rentrée avec sa chaise, le reste de la phrase avait échappé à l’oreille tendue de Suzanne, mais de cette bribe de causerie surprise par la fente d’une fenêtre, elle avait gardé le cœur un peu lourd. Elle s’expliquait si bien le silence d’Angélique, elle. Ce silence, fait surtout de peur autrefois, était devenu une habitude, à mesure que les années avaient passé sans que l’enfant sentît de la tendresse autour d’elle. En vérité, c’était une singulière idée du bon Dieu d’avoir jeté dans ce vulgaire bourbier cette petite fleur pâlotte, et de l’avoir à ce point privée de soleil, mais il y a tant de choses dans la vie des hommes qu’ils ne s’expliquent pas, et que, ne pouvant pas changer, il faut prendre comme elles viennent. Elle se promit, aux vacances approchantes, de consulter à ce sujet Michel qui, étant déjà presque un prêtre, saurait mieux qu’elle débrouiller ce qu’il y avait de juste dans les scrupules de conscience qu’elle se faisait quelquefois au sujet d’Angélique.
On était à la mi-juillet, et Michel devait arriver dans une semaine. Suzanne avait passé ces jours d’attente à préparer la bienvenue de son fils adoptif, en glissant comme toujours dans sa chambre quelque objet nouveau.
Du sang qui coulait dans ses veines et de sa première enfance, Michel avait gardé le goût des choses de la nature : le jour venu, Suzanne partit de grand