Page:Pradez - Les Ignorés.djvu/25

Cette page a été validée par deux contributeurs.
19
fausse route

Michel retourner récalcitrant à son séminaire, elle avait senti l’illusion, conservée à son insu dans quelque coin secret de son cœur, se dissiper tout à coup. Ce n’était pas une paresse d’écolier, c’était une répugnance réelle que Michel avait manifestée à travers ses larmes d’orphelin, pour la carrière choisie par son père.

Le chagrin que Suzanne avait ressenti à découvrir, entre elle et Valentin, des distances ignorées d’idées et de sentiment lui avait montré tout à coup la place qu’occupaient encore dans sa vie les souvenirs de sa jeunesse. Ce qu’elle avait de meilleur, de plus fort, de plus tendre, tout cela avait-il été prodigué, jeté, vilipendé pour un être que n’enivraient que les joies de la vanité ?

Quelques jours après la mort de Valentin un conseil de famille avait été tenu entre les parents de Michel, et en attendant qu’on fixât un plan définitif à son sujet, on avait prié Suzanne Roy de le garder chez elle, puisque c’était elle que Valentin avait appelée à son lit de mort pour le lui confier.

Aux vacances d’hiver, les comptes de succession, très embrouillés, n’étaient pas encore liquidés.

Tout naturellement, sans même qu’on la consultât, l’enfant avait été renvoyé à Suzanne.

Au milieu des vacances suivantes qui tombaient en juillet, le conseil de famille s’assembla de nouveau. Deux oncles de Valentin et la sœur aînée de Victorine Goulard se réunirent chez Suzanne. Les affaires de Va-