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les ignorés

à la tête pour activer le mal et en finir une fois avec cet être obstiné à vivre. Il y eut une lutte courte, violente qui s’acheva brusquement, puis les traits se détendirent.


III


Quand le jour pointa le lendemain, il était très tard. Un brouillard lourd et enfumé éteignait le soleil. Vers huit heures enfin un rond blanc, lumineux troua l’enveloppe brumeuse puis un clair rayon s’en échappa, inonda le pommier et entra dans la chambre où le vieillard, la tête posée sur l’oreiller, souriait. Il souriait doucement de son ancien sourire content. Ni l’âpre convoitise des vivants s’agitant autour de sa vie vacillante ni le souci de laisser derrière lui, en lutte avec le monde, une créature désarmée, n’inquiétaient plus la paix où il dormait. Il en avait fini avec toutes ces choses insignifiantes et passagères, et il souriait très paisiblement à la mort.

Au milieu de la matinée, Justine entr’ouvrit la porte et murmura :

— Mademoiselle… c’est Mme Madre et sa fille qui…