anxieux de Mlle Anna. Il se recula pour mieux saisir l’ensemble de cette image dressée à côté de lui et murmura faiblement :
— Ma… ma…
Puis il se tut.
Fascinée par cet imperceptible retour à la vie, elle l’encouragea sourdement :
— Voulez-vous quelque chose, Monsieur ? Cherchez. Dites moi ce que c’est.
Il fit un suprême effort pour forcer sa langue à l’obéissance et répéta :
— Ma… ma…
Et ce fut tout.
Mlle Anna réfléchit un instant, stimulant sa pensée trop lente en répétant… ma… ma… Il pensait à sa fille, peut-être et tout de suite elle s’informa :
— Est-ce Mme Amélie que vous désirez, Monsieur ? Elle arrive demain.
Et entendant rire tout à coup sous le pommier, elle ajouta :
— Mme Madre et sa fille sont venues pour refaire son matelas. Elles travaillent sous le pommier.
Mais la figure du vieillard, un instant contractée par une excessive tension d’esprit, s’était détendue. Il n’écoutait plus. Il était retourné dans la sphère inconnue où sa pensée restait insaisissable aux autres, tandis que le monde tangible qui l’entourait lui restait indéchiffrable à lui-même. Quelques secondes plus tard, il s’était assoupi.