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le garde-voie


V


Quelques jours plus tard, Jérôme rentrait de nuit de la ville. Il pleuvait à torrents et à travers son gros manteau de drap, la pluie l’avait trempé à fond. Sur ses talons le chien suivait, la tête basse, mouillé jusqu’aux os lui aussi, penaud et transi. Cependant, dès qu’il fut à l’abri sous le toit familier, l’animal secoua, joyeux, son pelage roux et courut au lit. Longuement il flaira avec bruit les couvertures en désordre, puis il se mit à chercher dans la chambre. Il courait partout, inquiet, fouillant les angles et les recoins.

Jérôme s’était assis. Il restait à côté de son foyer éteint, suivant d’un œil absent les allées et venues du chien.

La solitude de cette maison vide le pénétrait d’un froid glacial. Il n’avait pas prévu que ce pût être aussi horrible, non. Cela dépassait la somme de peine qu’il pouvait porter. Il grelottait dans ses habits mouillés, tandis que le chien poussait de longues plaintes de détresse. Fatigué de ses recherches vaines, l’animal avait fini par monter sur le lit et il grattait dans les