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les ignorés

— Oui, je te vengerai. Catherine, mais tu vivras, tu ne me laisseras pas seul, tu vivras !

Elle s’agita. Elle ne trouvait pas dans sa tête fatiguée les paroles nécessaires pour éclairer cette pensée qui si longtemps s’était mêlée à la sienne sans effort.

Elle dit enfin :

— C’est ton fils ; la chair de ta chair, ton sang, une partie de ton âme. Il faut le sauver, entends-tu. Promets-moi, promets-moi…

Elle s’interrompit, réfléchit quelques secondes et ajouta :

— Promets-moi que tu vivras jusqu’à ce que tu l’aies revu.

Ce que voulait Catherine, cette fois Jérôme le saisit confusément. Ce n’était pas seulement au fils qu’allait sa pitié, c’était aussi au père. Il s’écria douloureusement :

— Je promets… je promets… mais ne me quitte pas, Catherine, ne m’abandonne pas, ne me quitte pas encore.

Un silence tomba. Tout à coup dans la chambre où le jour mourait un hurlement de bête éclata, un long cri déchirant. Jérôme se leva, courut au chien et le châtia, mais Catherine l’appela d’une voix faible :

— Ici… mon beau.