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le trouver, un lien entre les choses passées et les choses nouvelles, puis elle dit doucement :

— C’est fini !

Et avant que Jérôme eut le temps de renouveler sa prière, elle lui posa la question que depuis des jours elle retournait dans son esprit sans oser la formuler :

— Où est ton fils ?

Jérôme lâcha la tête blonde embroussaillée. Pour la première fois, il venait d’apercevoir, à travers les traits changés, le masque effrayant de la mort. Comme le jour où il avait trouvé Catherine inanimée sur le sol, il s’abîma à côté du lit :

— Catherine, tu ne vas pas mourir ?

En tâtonnant, Catherine chercha la tête qui oscillait sur ses couvertures dans un balancement douloureux, inconscient, et sa main s’y posa, légère comme, une caresse maternelle :

— Jérôme… Jérôme.

Un instant, avec la fixité de croyance qui ne l’avait jamais quittée, même aux jours de sa pleine félicité, elle songea à l’opprobre à effacer de sa vie, à sa lointaine et triste jeunesse, à son père… puis, elle ajouta :

— Cette fois, j’ai tout payé.

Et elle réfléchit quelques secondes, rassemblant toutes ses forces pour accomplir un dernier acte difficile. Ce que Jérôme aurait voulu entendre, elle ne pouvait pas le lui dire. Elle n’avait plus le sentiment qu’elle avait eu. Si même elle revenait à la santé et à