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la tira de son insensibilité. Quand enfin elle ouvrit les yeux, l’aube naissait… Un nouveau jour était venu.


IV


En proie à une fièvre ardente, Catherine demeurait indifférente à ce qui l’entourait. Pendant le jour, plongée dans une torpeur pesante, elle recevait les soins de Jérôme sans s’en apercevoir ; dès que le soleil baissait à l’horizon, elle sortait de sa léthargie et divaguait, les joues en feu. Confondant ses chagrins passés, avec sa peine récente, elle interpellait tour à tour son père et Jules, les accusant tous les deux du vol nocturne. Elle ne prononçait jamais d’autre nom, et Jérôme, attentif à scruter les paroles incohérentes qui sortaient des lèvres fiévreuses, y cherchait en vain le sien.

Le chien, attaché jour et nuit à sa chaîne, hurlait presque sans cesse. Quelquefois, quand la plainte désolée devenait trop constante, Catherine s’agitait visiblement. Alors seulement, Jérôme allait détacher l’animal. Le chien se glissait dans la chambre et comme autrefois, lorsque Catherine épuisée s’étendait un moment sur son lit, il la harcelait de sollicitations. De sa