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le garde-voie

Jérôme avait suivi le chien à la course. Au moment où Jules pour se défendre de cette bête furieuse qui allait l’attaquer, se retournait brusquement, le père et le fils se trouvèrent face à face.

Il y eut un silence de quelques secondes, un silence écrasant :

— Chien ! siffla enfin Jérôme entre ses dents disjointes, c’est toi qui es le chien !

Et du fouet qu’il employait à châtier l’animal, il frappa le visage de son fils.

Jules s’éloigna, affolé, trébuchant sur les obstacles, se rattrapant et se reprenant à courir. Jérôme retournait rapidement du côté de sa demeure. Il y entra vivement tout essoufflé :

— Catherine… Catherine…

Mais Catherine gisait inanimée à côté de la porte avec une figure de cire au milieu de son épaisse et ondoyante chevelure blonde.

Il l’enleva entre ses bras comme une plume et la posa sur le lit :

— Catherine… ma Catherine…

Agenouillé à côté d’elle, il roulait sa tête sur les couvertures de droite à gauche avec un mouvement inconscient de balancier.

— Ma Catherine… réveille-toi… Mon Dieu, mon Dieu… est-ce qu’elle est morte ? Catherine… Catherine…

Toute la nuit, il l’appela ainsi sans qu’elle l’entendit. Pas même le bruit grondant de l’express nocturne ne