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fausse route

le coin de la rue. Elle fut si étonnée, qu’elle se leva et transporta sa pesante masse jusqu’à l’escabeau de Charpon. Absorbé dans sa lecture, le fruitier ne l’aperçut que lorsqu’elle lui toucha l’épaule.

— Viens donc voir, Charpon, murmura-t-elle, Suzanne qui revient avec le fils à Valentin.

— Tu m’embêtes avec ta Suzanne, dit-il. On dirait qu’il n’y a qu’elle au monde. Tu ferais mieux de t’occuper d’Angélique et de ne pas la laisser courir avec on ne sait qui dans la rue. Tu sais bien que je n’aime pas que la petite se lie ainsi avec toute sorte de gens. Elle est trop grande à présent.

Pourtant, tout en grondant, il posa son journal à côté de lui, se leva et marcha jusqu’à la porte où Rose le suivit pesamment. Suzanne arrivait justement en face de l’étalage. Elle fut forcée de voir le couple sur le seuil et de le saluer. Mais elle entra si vite et ferma si prestement la porte derrière elle que Charpon, qui avait déjà ouvert la bouche, — trouvant les circonstances assez étranges pour rompre son long silence, — la referma brusquement.

Il resta un moment immobile, les lèvres minces pincées, l’œil bleu lançant des éclairs de dessous les paupières flasques et plissées, puis il dit :

— Ta Suzanne, je voudrais la piler ; tiens, l’écraser comme ça !

Et il broya sous son talon une coquille de noix qui traînait à terre avec beaucoup d’autres.

Rose se mit à rire de son rire silencieux. La colère