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les ignorés

Déjà Jérôme l’interrogeait : N’y avait-il pas eu de bruit autour de la maison pendant la nuit. N’avait-elle rien entendu ?

Elle répondit, sans le regarder :

— J’ai entendu le train d’une heure et celui de trois. Après ça j’ai dormi. Toute cette neige dans l’air, ça assomme.

Jérôme murmura :

— C’est étrange que tu n’aies rien entendu. Quelqu’un est venu de là-bas, il a du rôder tout près de la maison. C’est très étrange que tu n’aies rien entendu.

Elle parut se souvenir tout à coup d’une chose oubliée, importante, elle reprit précipitamment :

— C’est vrai, je me rappelle à présent. Au milieu de la nuit, j’ai eu un mauvais rêve. Je me suis réveillée en sursaut et j’ai eu très peur. Des choses, ici et là, craquaient comme cela arrive par le grand froid. Je n’ai pas pensé que ce pouvait être quelqu’un. Pourtant mon rêve m’avait fait si peur que j’ai mis le verrou.

— Ah ! voilà, dit-il, on t’aura entendue pousser le verrou, on ne te savait pas seule, on s’est sauvé.

Il reprit après un silence :

— Il fallait avoir un chien plus tôt, je savais bien, moi ! Maintenant c’est bon, j’irai le chercher aujourd’hui.

Contre son habitude, Catherine ne fit pas d’objection. La présence d’un chien semblait tout à coup un