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les ignorés

Catherine jeta un coup d’œil du côté de l’armoire. Si Jules connaissait la cachette de la boîte, nomme cela paraissait probable, pourrait-elle la sauver ? Il y avait dans les yeux du jeune homme une expression si ardente, une telle flamme de désir qu’elle ne songeait pas même à le raisonner. Une bataille de mots avec ce fiévreux ne ferait que l’affoler davantage. Elle le prit par les épaules, cherchant à le faire revenir à lui sans l’exaspérer. Malgré son indignation, elle était saisie de pitié pour ce malheureux qui était le fils de Jérôme. Elle le secoua par les deux épaules :

— Jules… Jules… n’as-tu pas honte ?

Et croyant voir les traits crispés du jeune homme se détendre légèrement, elle se mit aussitôt à le cajoler de mots tendres :

— Voyons, mon petit Jules. Qu’est-ce qui t’arrive ? Quelque chose de bien vilain pour te rendre si mauvais. Dis-moi ce que c’est. Dis-le moi comme si j’étais ta vraie mère. Mon Dieu, qu’est-ce qui peut bien t’arriver pour te donner ce regard-là ?

Le jeune homme resta silencieux. Il avait baissé les yeux et il continuait à frissonner sous ses habits mouillés. Catherine dit avec autorité :

— Avant tout, je veux que tu sèches et que tu te réchauffes.

Et l’entraînant, elle le força à s’asseoir près du feu, remua les cendres endormies, jeta sur les braises du petit bois et une grosse bûche sèche, puis elle s’assit vis-à-vis de lui. Un silence prolongé s’établit, tandis