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LE GARDE-VOIE




I


Sur le fond opaque de neige tombante, la haute silhouette de Jérôme ne paraissait plus qu’un imperceptible point noir s’estompant dans du gris. Le papillonnement des légers flocons que versait, depuis le matin, un ciel invisible s’immobilisait à distance en un mur de brumes laiteuses ; mais autour de la maisonnette du garde, bâtie au bord de la voie ferrée, Catherine voyait distinctement l’essaim léger descendre de très haut, traverser l’espace en se dandinant et s’affaisser sans bruit sur le sol. Déjà la terre disparaissait sous une lourde couche blanche, sans que le ciel, toujours aussi chargé, aussi sombre et aussi fermé, parût se vider. Cela s’entassait, cela s’entassait. Étouffé derrière cet épais rideau de neige, le