Page:Pradez - La Revanche du Passé, 1900.djvu/31

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Elle détourna la tête et répondit sourdement :

— J’ai toujours été pour toi un fardeau et un obstacle, toujours. Il y a longtemps que je le sais.

Et quittant sa mère pour retourner s’asseoir, elle ajouta du même ton bas :

— Gertrude a pris soin de me le faire comprendre, c’est moi qui t’ai fait la vie si difficile, oui, c’est moi.

En même temps un soupçon qu’elle nourrissait depuis longtemps au fond de son cœur, soupçon voilé, que mille petits faits insignifiants, recueillis journellement et commentés tout bas, entretenaient sans réussir à l’élucider, reprenait possession de sa pensée.

Elle en avait la certitude, entre sa mère et Gertrude, il existait un lien secret, une entente silencieuse où elle n’entrait pas. Quelque chose d’ignoré se passait sous ses yeux, à côté d’elle, sans qu’elle pùt jamais s’en assurer. Elle n’avait aucune preuve de la réalité de cette connivence, mais la con-