Page:Pradez - La Revanche du Passé, 1900.djvu/259

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Elle avait retrouvé toute sa lucidité d’esprit, et elle voyait se dessiner devant elle une ligne de conduite très nette.

Quand le fiacre s’arrêta, elle sauta à terre, et d’un pas ferme elle s’achemina vers la carcasse de briques délabrée et déserte. La porte ayant résisté à son effort, elle atteignit le bout de fer d’un cordon de sonnette dépouillé de sa poignée, rouillé et mutilé, et aussitôt l’éclat d’une grosse cloche secoua l’air endormi, courut à travers la poussière, rendit au bâtiment vide un instant de vie bruyante et factice, puis le silence se rétablit, écrasant.

Entre ces murs lézardés, il n’y avait évidemment personne.

Midi sonnait, et dans les rues le va-et-vient du milieu du jour s’enfiévrait. Comme la première fois, Élisabeth sortit des grandes artères populeuses, pour atteindre le parc où voltigeaient, parmi les arbres, les souvenirs ternes de son enfance. L’image de sa mère, telle qu’elle était dans ce temps-là, se dressa aussitôt au milieu d’eux, et elle se souvint tout