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liarités protectrices que dans l’éclat de son éblouissante jeunesse elle n’avait jamais connues.

’Dans les demeures où autrefois elle avait été accueillie avec bonté, on la regardait d’un œil indifférent. Personne ne la reconnaissait ; on avait le plus souvent oublié jusqu’à son nom. Ailleurs il fallait subir les questions de gens défiants, qui toisaient son deuil fané comme s’ils cherchaient à sa brusque déchéance une cause honteuse.

Il lui semblait que sa faute, unique et lointaine, reprenait vie et venait l’avilir jusqu’au seuil de la vieillesse. Écrasée entre le passé et l’avenir, son âme étouffait d’une perpétuelle angoisse.

Gertrude avait accompagné sa maîtresse sur le palier, et elle suivit des yeux la silhouette noire jusqu’à ce qu’elle eût tout à fait disparu.

Dans ses plus sombres prévisions de l’avenir, elle n’avait jamais anticipé ce dépouillement cruel ; elle n’avait jamais imaginé la misère matérielle, où, sans regarder ni en avant ni